Les uns, et les autres...
Il y a des situations que l'on n'est pas obligé de supporter. Lulu le sait, elle s'applique d'ailleurs à se l'imposer, question d'intégrité.
Comme ce jeune homme de vingt cinq ans, qui ne jure que par l'argent, qui joue les chefs de service, mais tout en restant bien novice, qui croit pouvoir faire sa loi, mais au fond, n'en est pas si sûr que ça. Elle a préféré lui dire, l'honnêteté, elle pratique. Et puis elle est en accord avec elle-même, c'est important pour elle. Elle a alors choisi de partir, laisser à ce jeune homme ce faux sourire qu'il arbore sans rien dire, qui juge imperceptiblement. Elle n'en a pas grand chose à faire, après tout, elle n'est pas là pour lui plaire, mais cet endroit n'est pas pour elle, et elle change de décor, encore.
Comme cette assistante sociale, qui n'a de social que son appellation, dont le métier est soi-disant d'aider les gens, mais pour qui est-ce qu'elle se prend? S'entendre dire qu'on a choisi le pire, quand on a choisi d'être heureux, qu'on a laissé un bon salaire, une place de choix, qu'on aurait du y réfléchir à deux fois, qu'il n'y a pas d'autres solutions à la situation, et qui lève les yeux au ciel quand Lulu pose des questions. Alors Lulu a préféré lui dire, l'honnêteté, elle connaît. Et puis elle est en accord avec elle-même, c'est important pour elle. Madame, vous aussi, vous savez, vous devriez changer de métier.
Elle a de nouveau préféré partir, laisser à cette femme sa suffisance, ses pensées bien arrêtées, elle choisit de se débrouiller autrement, des solutions, il y a tant.
Comme toutes ces personnes qui jugent, distribuent des conseils, persuadés d'avoir raison. Lulu dira à tous ces donneurs de leçons, chaque fois qu'elle les croisera, qu'elle préfère les laisser dans leurs jours fades et sans saveur, qu'elle a choisi sa vie, qu'elle n'a pas besoin de leur avis, merci. A tous ces terre-à-terre, elle préfère ses galères, la triste mine de son compte en banque, les lettres de relance.
A la différence de ses amis, de tous ces gens à qui elle se confie, qui comprennent l'urgence et l'importance de ce qu'elle a choisi. Ceux qui l'encouragent, ceux qui sont fiers de la voir avancer, ceux qui respectent qu'elle ait pu oser, ceux qui lui font confiance, en toute simplicité.
A la différence de Frédérique, qu'aujourd'hui elle a rencontrée, qui l'attendait avec un sourire et un café, qui a prit le temps de discuter, d'analyser, de chercher à aider. Toutes les deux elles ont beaucoup parlé et aussi écouté ce que chacune avait à expliquer. Lulu voudrait encore changer de métier, trouver sa voie, la vraie, savoir ce qu'elle peut en faire, refaire l'inventaire de ses possibilités, de ses envies, et ses capacités. Frédérique a promis de l'aider. Lulu fait confiance, elle sent, elle sait. Alors elle avance.
Parce qu'elle va vers l'essentiel, elle est en accord avec elle-même, c'est important pour elle.