Larmes
Lulu n'en a pas beaucoup parlé, mais voilà cinq jours que Phoebe n'est pas rentrée. Avec Arno, ils ont fouillé tout le quartier, examiné tous les jardins, exploré tous les fourrés. Lulu a même ouvert quelques poubelles, on ne sait jamais. Ils ont demandé aux voisins, et puis aussi un peu plus loin, mais toujours rien.
L'inquiétude a commencé à les envahir, Lulu s'imagine le pire. Elle a des tonnes de scénarios, digne des plus grands studios. La voie ferrée n'est vraiment pas très loin. Triste voyage que de finir sous un train. Et les roues des voitures, ça laisse peu de place à l'aventure. Mais rien, toujours rien. Alors elle a encore cherché. Tout retourné.
Chez le vétérinaire, elle a donné toutes les informations. Son numéro de tatouage, sa description, son âge. Et bien davantage.
Et juste avant qu'elle s'en aille, la dame lui a souhaité bon courage. Elle a reçu ces mots comme un coup de couteau dans les entrailles. Elle pleure depuis des heures. Le ventre la brûle, comme l'âtre qui se consume. La mine triste défaite et le cœur au fond des chaussures, elle rentre, c'est trop dur. Elle tombe l'armure, met à jour la blessure.
Son amoureux l'appelle. Un dixième de seconde, le temps pour lui de respirer, et elle a douté. Elle s'est encore imaginé que c'était terminé, que Phoebe ne rentrerait plus jamais.
Il lui annonce la nouvelle, une dame l'a retrouvée.
Lulu en a le souffle coupé, elle ne sait pas quoi faire, quelle question poser, par quel bout commencer. Arno respire aussi mal qu'elle, mais prend les rênes, dit qu'il va arriver, et qu'ils vont aller la chercher.
C'est Adeline qui l'a trouvée. Phoebe était, comme Maître Corbeau, sur un arbre, perchée. Apeurée, à miauler qu'elle ne pouvait pas sauter. Alors Adeline a appelé les pompiers, et elle l'a récupérée. Et grâce au tatouage, elle a tout retrouvé.
Comment remercier ce geste bienfaiteur, autrement qu'avec le cœur? Adeline a dit qu'elle ne voulait rien, juste quelques nouvelles, et tout ira bien. Elle aurait tellement aimé que quelqu'un fasse de même quand ça lui était arrivé à elle.
Ce soir, les larmes sont toujours au rendez vous, mais des larmes de bonheur, pour le coup. Parce que Phoebe n'est pas "juste un chat", elle fait partie de cette famille, de cet endroit.
Ce soir, Phoebe ronronne, se pelotonne, cherche les caresses et la tendresse.
Lulu est tellement heureuse de le noter sur son cahier, qu'alors elle va le souligner; Phoebe est rentrée.
Lulu tenait à ajouter que quand il s'y met, Arno aussi sait faire de belles photos...