D.A.E.U.

Elle s'étire. Le matin, elle se dit qu'elle dormirait bien pendant encore deux ou trois jours tant la fatigue la plombe. Mais il y a tellement de choses à faire aujourd'hui. Alors debout.

Le Salon du Recrutement, c'est loin d'être enchanteur. La plupart des annonces concernent des métiers qu'elle ne sait pas faire. Qu'elle n'a pas appris à faire. Et que pour excercer, il faut absolument avoir appris. Ou être autodidacte. Mais là, c'est raté. La menuiserie, la plomberie, la soudure, une dame lui a même proposé une formation de peintre en bâtiment. C'est rémunéré? Non. C'est dommage, parce qu'elle y serait bien allée, il y a du boulot dans cette branche. Quelques CV laissés aux stands, à des employeurs pas très accueillants. Vraiment c'est assez bizarre comme attitude quand on cherche à faire travailler des gens. Elle s'est offert un café en regardant les gens déambuler dans les allées. Il y a beaucoup de monde qui cherche du travail. Beaucoup de gens qui, comme elle, se sont levés pour venir en chercher. Mais aussi sûrement tous ceux qui sont restés chez eux...
Elle est rentrée. Elle l'a réveillé et ils ont mangé. Il a pris un bain pendant deux heures. Il dit qu'il hydrate sa peau. C'est une noble cause, il est tout excusé. Tant pis pour la facture d'eau. Et puis il sent tellement bon après.
Pendant qu'il trempe, elle se renseigne sur les métiers du livre. Parce qu'à long terme, tout est possible.
Tout, oui. Dès lors qu'on a un baccalauréat. Ce n'est pas son cas. Cette année là, elle a fait autre chose. Elle était amoureuse, elle a passé des concours, elle a appris à jouer au billard et au baby-foot, elle a découvert Higelin, mais le bac, elle l'a laissé passer. Elle a préféré traverser à la nage pour accoster sur son île. Elle était jeune et bête comme à cet âge là on peut l'être parfois. Mais elle ne regrette pas. Higelin, c'est quand même bien...
Et même si elle revendique de très bien vivre sans diplôme, elle n'est pas du tout contre l'idée d'en obtenir un jour ou l'autre. Elle a les capacités pour une Licence ou un BTS, alors autant essayer. En cours du soir, ou par correspondance. C'est ça ou les cours de danse. Mais danser, elle sait déjà le faire, pas besoin d'être diplômée pour se déhancher au son d'un djembé, ou d'une salsa endiablée.
Elle se renseigne. Et dans ses recherches, il y a toujours ce DAEU qui apparaît sur son écran: Diplôme d'Accès aux Études Universitaires. Une équivalence du bac pour pouvoir aller plus loin, pour pouvoir remonter sur le bateau, se sécher et continuer la traversée sans trop se mouiller.
Elle se renseigne. Et elle imagine cet employeur à qui elle dirait qu'elle a une Licence de Lettres Modernes et qu'elle postule pour cet emploi de correcteur. Belle utopie aujourd'hui, mais dans quelques années?
Il ne faut pas rêver... mais faire en sorte que ça devienne une réalité.

A côté de ça, elle occupe ses dix doigts. Couture et peinture sur bois. Ça la détend. En attendant demain, avec la demoiselle, peut-être un dessin. Et surtout des câlins.

Comments

[Gwen]

Tu pourrais sans difficultés devenir correctrice : ton niveau de français est au top, exceptionnel, même... C'est la raison pour laquelle correct, je bous (du verbe bouillir).
Laisse-toi aller et continue de nous charmer.