Tenir
La nuit a été courte, et de piètre qualité. Alors il faut tenir, pour ne pas se rendormir, mais se lever. Parce qu'aujourd'hui, il faut y aller. L'estomac me brûle déjà. La journée va être très longue, encore une fois.
J'ai du mal à respirer, mais l'heure avance, et il faut tenir la distance.
Tenir les rênes, tenir le coup, retenir les larmes aussi pour le coup. Entretenir un semblant de sourire, l'étaler au bord de la piscine. Tenir ma fille serrée contre mon coeur, la couvrir de baisers, lui dire que je l'aime, et à tout à l'heure. Me contenir devant ce regard paternel que décidément je ne supporte pas, et m'abstenir devant la bêtise désormais célèbre de ma mère, il y a des choses qui ne changent pas.
Et puis, monter dans la voiture, joindre les doigts en forme de coeur, entre elle et moi comme une signature, une dernière douceur.
Mon amoureux me demande si ça va. Je réponds non, les sanglots dans la voix. C'est difficile, et si compliqué pour moi de la laisser là. Mais je voulais lui faire plaisir, et je vais tenir rien que pour ça.
Appartenir, la demoiselle ne m'appartient pas. Alors à part tenir, que faire de plus pour ne pas tomber plus bas ? Regarder droit devant soi, et être fière de moi, du chemin parcouru jusque là. Me dire que jeudi sera bientôt là, quoiqu'il en soit.