La liste

Lundi, la demoiselle part en classe de découverte. Trois petits jours à la ferme. Elle est très impatiente, très excitée, pas du tout détendue, et ça agace un peu Lulu. Parce que la demoiselle a été dotée, génétique ou destinée, d'un caractère bien trempé.
Pour l'heure, il faut préparer le trousseau. Une liste à laquelle il faut coller, ne pas déroger. Ne pas s'égarer, ne rien oublier.
Dans la valise, elle a glissé son sac de couchage, une taie d'oreiller, un sac pour le linge sale, une enveloppe timbrée. Des paires de chaussettes, une paire de chaussons, un nécessaire de toilette et deux pantalons. Une paire de bottes toutes neuves que ce matin elle a essayé, dans le jardin mouillé. Ça va aller. Un vêtement de pluie, un drap pour le lit, un pyjama, deux ou trois petits trucs rassurants quand on est loin de sa maman.
Et puis surtout,  il y a Doudou. Indispensable petite béquille, glissé au fond du sac de voyage, qui rend la petite fille tranquille, et surtout pleine de courage.
Parce que c'est la première fois qu'elle va passer deux nuits, loin d'ici, sans parents et sans mamie, et que c'est pour elle un petit problème, un petit défi tout de même, mais qu'elle relève.

En conséquence, le petit caractère s'avance, essaie d'imposer sa loi, et discute tous les choix.
Lulu explique et décortique, donne son avis sur l'esthétique, et, constructive, elle critique.
La demoiselle n'est pas d'accord, le dit haut et fort, et sort.

Ce sac, Lulu le remplira. Même si la demoiselle n'aime pas ça. A six ans, on est encore trop petit pour vivre sa vie. Lulu se demande souvent si elle a bien fait, de la laisser autant décider. Parce qu'à entendre sa maman dire qu'on a toujours le choix, la demoiselle s'octroie des droits. Oh, ce ne sont que des choses anodines, un baggy au lieu d'une robe mandarine, une paire de baskets à la place des ballerines. Et quand la demoiselle s'habille au rayon garçon, Lulu s'en fout. Ce qui compte c'est quand même qu'elle se sente bien, c'est tout.
Mais même si ça la gêne un tout petit peu, elle se dit qu'en attendant encore un peu, la demoiselle finira peut-être un beau matin, par vouloir une robe, une tunique, des escarpins. Et si ce jour n'arrivait jamais, elle s'y fera, c'est décidé. Mais c'est tout de même une petite fille qu'elle embrasse après l'histoire, qui pleure parce qu'elle a peur du noir, et qui rougit devant le regard espiègle et malicieux de son amoureux. Alors finalement, en toute objectivité, elle ajoute que personne n'est parfait.

Ce soir le sac est presque prêt. Baggys, baskets, taie d'oreiller. Demain, une balade, un peu de lecture, et lundi, la grande aventure.

Comments

[Gwen]

Elle s'appelait Hélène (et s'appelle toujours ainsi !). Ado, elle était d'une élégance... un brin virile, ne jurant que par les jeans, les T-shirts et les gros croquenots. Je me souviens d'un mariage auquel nous étions invités et où elle a troqué un ensemble pantalon pourtant pas chichiteux pour un jean et un "marcel"...
Puis est venu l'homme de sa vie (un galopin de 16 ans) et elle est devenu la "nana" qu'elle est restée depuis, même si l'homme de sa vie, avec lequel elle a eu 3 enfants, a changé. Elle a troqué son Nantais bon teint pour un Belge (!).
Comme tu vois, tous les malheurs ne sont pas chez les mêmes !!! Elle est restée très amie avec le papa de ses enfants...
Gwen

[claire]

bon voyage pour ta fille