Lettre manuscrite

Dès qu'il faut prendre le stylo, Lulu est là. Même quand il s'agit d'un emploi. Alors quand l'annonce précise et insiste sur le fait de recevoir en plus du pedigree, une lettre manuscrite, Lulu prend son café en tête à tête avec sa feuille de papier. Et sans renverser la tasse s'il vous plaît. Il ne manquerait plus que ça, au bout de sept fois! Parce que sur cette feuille de papier, pas question d'augmenter ou diminuer le retrait, d'aligner ou de justifier, de choisir une police de caractère, mais tout simplement de bien viser, pour que l'ensemble soit agréable et clair. Et c'est loin d'être gagné. Sa plume dérape, oublie un mot, écrit trop gros... Bref, voilà plus d'une heure qu'elle y retranscrit le même scénario. Elle s'énerve, peste et râle sur ce principe tribal. Enfin de toute façon, dans son état d'énervement, elle trouverait relaxant un bon hard-rock tonitruant.

Elle termine la sixième édition, pas peu fière de sa prestation, quand au moment de signer le courrier, Phoebe décide de l'aider. Elle grimpe alors sur les genoux d'un bond pataud, mais, mal assurée, une patte s'appuie sur le vide, Phoebe perd l'équilibre, s'accroche à ce qu'elle trouve, c'est à dire un coude.
La signature n'est plus qu'un hiéroglyphe obscur, vautré avec emphase sur les deux dernières phrases.

Soyons clairs, une pause est nécessaire. Une cigarette et un café, pour décompresser. Inspirer, et arrêter toute forme de pensées. Et surtout, faire sortir Phoebe, sinon, elle ne donne pas cher de son éventuelle survie... La pauvre, elle qui voulait seulement aider, c'est râpé.

Plus un seul chat à l'horizon, au maximum de sa concentration, Lulu reprend les opérations.
Mais au final il se pourrait qu'une lettre manuscrite soit bientôt la triste cause d'une tendinite.
En guise de compensation, Lulu trouve que ça serait bien mérité d'être embauchée. Et puis Phoebe pourrait rentrer...