Les nouvelles

En prendre ou en donner, c'est pour Lulu un exercice très difficile. Elle n'arrive pas à s'y tenir. Elle promet qu'elle va rappeler, que ce courrier qu'elle a préparé elle va l'envoyer, mais passent les semaines, et elle n'arrive pas à y arriver. Quand elle y pense, elle voudrait ne plus connaître personne, et jeter son téléphone. Mais ça, elle ne peut se l'autoriser : le téléphone, tout de même, c'est sacré.
Une journée de plus où elle se met au lit en se disant qu'aujourd'hui encore, elle a failli. Elle se l'était pourtant promis. Appeler ses amis. Prendre de leurs nouvelles, en donner quelques unes aussi. Mais tant pis, elle remet à demain, on verra bien si elle s'y tient.
Elle ne s'y tiendra pas, tout le monde sait ça. Elle peut rester des mois sans appeler ni écrire à qui que ce soit. Elle sait aussi que ça peut blesser des gens, qu'ils se sentent abandonnés comme des enfants, mais rien n'y fait, elle n'arrive pas à s'y coller. Question de spontanéité. Voilà presque deux mois qu'elle se dit qu'elle appellera Jean-Pierre, juste pour savoir si ça va, et lui dire que ça va pour elle. Mais de trajets en rendez-vous, de repas en bisous, de plein d'essence en vide-greniers, elle n'a toujours pas téléphoné. En même temps, elle n'a pas envie d'y être obligée. Elle veut le faire sans se l'imposer. Alors elle sait qu'elle fera, mais qu'à ce moment là, au bout du fil, on lui en voudra peut-être pour ça, pour avoir attendu des mois.
La liste est non exhaustive, entre Mireille, Orphée, Zazoo et Martine. La liste, elle s'en fout, elle ne l'écrit pas, elle la connaît par coeur, c'est tout. Même sans donner de ses nouvelles ou sans en prendre ailleurs, quelque soit la distance, les kilomètres, toutes ces personnes sont là, au fond de son coeur. Et même si elle semble avoir disparu de la planète, il y a pourtant chaque jour une pensée pour eux dans sa tête.
Le seul risque à ce petit jeu, c'est de perdre l'un d'entre eux. Un qui soit susceptible, ou qui de temps en temps la culpabilise. Ça fonctionne un moment, mais ça l'agace aussi rapidement.

Ne lui en veuillez pas, elle est comme ça Lulu, et on ne se refait pas. Alors égoïsme mal placé ou je-m'en-foutisme avéré, peu importe en vérité. Elle sait que cette liste-là est gravée à tout jamais.

Comments

[claire]

je peux comprendre mon zom ets pareil et pourtant il les aime ses amis.bisous

[martine;-)]

Le truc qui me rend barge personnellement c'est qu'on ne me réponde pas quand je prends des nouvelles, même si on est très occupé,juste prendre deux minutes pour le dire ou l'écrire c'est juste un peu de respect (euh rien de personnel pour toi Lulu, hein! juste un commentaire général)...après j'ai tendance à penser que plus on laisse de temps entre deux prises de nouvelles moins on a de choses à se dire et moins on a d'idées pour les colis d'anniversaire;-)..(l'unité de temps serait de l'ordre du mois bien sûr pas de la minute loool)
et l'autre truc qui me rend barge, c'est qu'on ne me dise pas quand on a reçu mes cartes postales que j'ai choisies avec amour pendant mes vacances, je prépare une vengeance terrible pour les mauvais élèves :-) hé hé;-)

bisous bisous

[chevrefeuille]

Ne t'en fais pas, Lulu. Tes amis te connaissent et savent certainement que, même si tu ne leur écris pas, tu ne les oublies pas. J'avais un ami très cher décédé malheureusement qui, comme toi,remettait souvent à demain. Ce qu'il me disait quand nous étions ensemble me faisait rire car il promettait qu'à l'avenir il écrirait plus souvent. "Tiens, ce soir je t'écris". Ce n'était pas la peine puisque j'étais là! Je faisais semblant de croire à ses promesses mais je savais qu'il ne les tiendrait pas forcément. Je ne lui en voulais pas. Je savais l'amitié qu'il avait pour moi et c'est cela qui comptait. Je suis sûre que pour tes amis il en est de même.