Brulée
Lulu a une maladie de peau depuis quelques années, une dépigmentation. Une couleur de peau divisée, entre le blanc et le marron. Enfin marron, il ne faut quand même pas exagérer, c'est plutôt beige, encore plus clair que le café au lait. Mais pour le blanc, on est proche du polaire. C'est bien simple, c'est encore pire que le célèbre cachet d'aspirine. Dépigmentée, c'est à dire sans aucune protection face au soleil et ses rayons. Cette maladie a même eu la bonne idée d'avoir un nom : le vitiligo. Une petite chose sans importance, qui ne fait pas souffrir et n'est pas non plus contagieux, et vu comme ça, vous vous demandez pourquoi elle en fait tout un plat.
Parce que sous les cheveux chatains, il reste du blond, beaucoup de blond, c'est certain.
Et parce qu'hier, elle a brûlé. Comme une débutante, comme si ça ne lui était jamais arrivé.
Les mains et les poignets étaient la proie idéale pour les UV quand elle s'est baladée pendant plus d'une heure sur ce vide grenier. Sur le moment, elle ne l'a même pas remarqué, occupée qu'elle était à fouiner, entre les draps de lin, un cartable en cuir et quelques vieux bouquins.
Mais ce matin, au réveil, pas pareil...
C'est chaud, ça pique, ça oscille entre le rose foncé et le rouge vif.
C'est sa punition. Elle n'avait qu'à faire attention. Après quinze années, elle pouvait prévoir que le soleil n'allait pas la laisser de côté. C'est bien connu, il ne fait pas de cadeau. Pour Lulu le cadeau, ce serait l'uniformité de sa couleur de peau. Mais du rêve à la réalité, il faut bien l'admettre, la brûlure n'est que la triste vérité. Là pour le coup, c'est mérité.
Donc, à l'ordre du jour de ce dimanche ensoleillé ; de l'ombre, de la Biafine, et un peu de plomb dans sa cervelle de moineau fatigué...
Et pour ceux que ça intéresse, il y a quelques explications ici.