La pleine lune
C'est une douce mélancolie ce soir, ou plutôt ce matin, elle ne sait plus exactement. La nicotine et les nerfs la tiennent en éveil, luttent contre ses paupières. Elle ira se coucher encore un peu plus tard, quand ses yeux la trahiront, faisant apparaître des choses vraiment bizarres sur son écran. Pourtant les journées sont douces, le jardin prend forme lentement. Il ne pleut pas, Noé va bien, et le sèche linge emménage ici demain. Mais l'ennui pousse doucement, comme le cresson dans le jardin. Elle le sent poindre, par touches, de temps à autre, surtout le soir, quand sur le canapé, son homme s'endort. Ils veulent des écharpes, ils auront des écharpes. Et de laine en aiguilles, les mailles s'alignent. Mais... danger dit-on, la lune est pleine. Est-elle vide aussi parfois ? Elle a toujours pourtant des milliers d'idées, des envies de travailler, des endroits à décorer et des mots à coucher sur le papier. Et rien n'avance, juste les silences, ceux qu'on n'entend presque pas, ceux qui hurlent à l'intérieur, juste une seconde, puis se taisent à nouveau pour faire place à la joie, aux éclats de rire d'une demoiselle ou au miaulement d'un chat. Manque d'organisation de son moi profond, et toujours cette envie incommensurable de faire à nouveau ses bagages, fuir tout ça, combler ce manque que décidément elle n'explique pas.
Merci à Jean Jacques pour ses jolies phrases...