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Comme une ombre qui glisse, progresse et s'immisce, noircit l'âme, danse dans les flammes, le blues s'installe, en douceur, subliminal, imperceptible d'heure en heure. Le sourire s'efface et laisse sa place, migre vers de tristes rivages, noyés de pluie et d'algues décrépies. Une porte entrouverte que la tristesse a poussé, elle a pris tout l'espace et n'est pas décidée à en céder. Lulu l'a laissée entrer, elle la connaît. Invitée surprise quand les doigts quittent la prise. Le courant ne peut plus passer, électrons prisonniers du noir, le plus clair de son temps, elle s'est pourtant habituée.
Et voilà que débarque son amie la mélancolie, largue ses amarres, un lundi. Quelques temps déjà qu'elle n'était pas venue ici. Elle est là dehors, à demander l'hospitalité, à jouer les victimes, à pleurnicher. Derrière elle se cache l'hiver, mais Lulu a du flair. Elle sort le plaid en polaire.
Sonne l'heure du flou artistique, passe le convoi exceptionnel, ses trente huit tonnes de questions critiques et du doute à la pelle. Est-ce qu'on est dans la bonne direction ? Faire demi-tour et le chemin à l'envers : hors de question. A quoi ça sert tout ça ? C'est pour quoi faire tous ces soucis là ? Ça sert à rendre la vie plus légère, une fois qu'on a les réponses à nos pourquoi. Mais les réponses, après, on en fait quoi ?
Plus sûre de rien Lulu, plus sûre, c'est certain. Alors elle attend demain. Elle verra bien.